Un Autre Regard
Nous sommes divers et variés, et capables de faire de grandes choses, bâtir une entreprise, courir un marathon, réussir une tarte aux fraises ou de longues études, mais nous nous y prenons tous différemment. Certaines personnes s'y prennent très différemment, et c'est bien!
Mon institutrice de maternelle m'a soupçonné d'être autiste. Elle avait raison, mais ce n'est que 40 ans plus tard que j'en ai pris conscience, que j'ai ressenti le besoin d'un diagnostic. Entre collaborateurs, nous nous entraidons pour réaliser des choses infaisables seuls. Un collaborateur autiste veut vous aider, et vous voulez l'aider pas pour ce qu'il est, mais parce que c'est le processus d'entraide, et c'est tout. Pour que ça se fasse bien, il faut savoir qu'une personne très différente fonctionne très différemment, mais à la fin, ça ne coûte pas plus cher!
Cette section sera moins sérieuse qu'elle n'en a l'air. Elle vise seulement par de courtes anecdotes à vous aider à penser différemment et à mieux comprendre les gens comme moi, pour collaborer aussi facilement qu'avec un autre!
En parler ou non ?
C'est souvent la meilleure stratégie pour un autiste : ne pas en parler, car peu de personnes comprennent ce que l'on cherche à expliquer. Pour illustrer ce que "voir les choses différemment" signifie, utilisons une analogie avec les couleurs.
Imaginons que, comme les 99% des gens non autistes, vous distinguiez parfaitement le vert du bleu, mais moi, je ne vois pas cette différence. C'est embêtant. Pour nous adapter, nous développons des astuces et faisons appel à l'expérience pour compenser.
Mais imaginez aussi que moi, je puisse voir des nuances entre le rouge et le violet, et vous non. Une nuance que seul 1% de la population, les autistes, perçoit. La société, construite par la majorité, s'est organisée de telle sorte que cette nuance soit sans importance.
Je peux alors, soit passer mon temps à cacher que je ne suis pas tout à fait comme vous, ou alors nous pouvons faire avec cette différence, pour mieux travailler, et mieux nous apprécier.
Quand un autiste pense différement, ça se joue à un niveau fondamental. Même pour un simple salut, parfois, il me faut penser... 'Donc, je croise cette personne pour la première fois aujourd'hui, je la salue... comment... option 1: serrer la main, malgré le covid, ça a repris, mais il reste l'option 2, se choquer les poings ou les coudes, option 3: la bise, mais faire attention au travail, mais MERcredi... mais c'est mon amoureuse!' (c'était...)
J'ai souvent l'air (physiquement) rigide, et c'est un trait partagé avec de nombreux autistes. Plus généralement, il s'agit d'une différence dans les traits d'expression corporelle, là où la majorité des gens est plus mobile, naturellement, dans le mouvement du corps quand vous communiquez, avec aussi des expressions riches au niveau du visage, pour nous, notre nature est d'être immobiles. C'est assez difficiles de faire semblant de ne pas être autiste (on parle de camouflage) et de veiller à avoir les yeux qui clignent assez souvent, à froncer un peu les sourcils de temps en temps, de sourire à-propos et au bon moment... Par contre, ce qu'il se passe souvent dans les visios, c'est d'avoir notre interlocuteur qui pense que l'écran a freezé quand nous l'écoutons attentivement!